Portraits
octobre 13, 2023

Portraits – Documentaliste



Fiche métier : Documentaliste

William Wallace portait-il un kilt au 13ème siècle ? Dans le film Braveheart, c’est ce que semble nous affirmer Mel Gisbon, l’interprète de cette figure de l’indépendance écossaise. Or le kilt a été inventé au 16ème siècle. Deux options s’offrent donc à nous. La première est que William Wallace était un précurseur en matière de mode. La seconde, est que cette représentation est un anachronisme pur et simple. Et même si on pourrait dénombrer des centaines d’inexactitudes historiques dans ce genre volontaires ou non, dans beaucoup d’autre films, d’autres centaines sont évitées grâce à l’intervention de documentalistes.

 

Qu’est-ce qu’un·e documentaliste au cinéma ?

 

Le·a documentaliste ou « recherchiste » est une personne en lien avec les équipes de tournage, le·a réalisateur·ice, le·a producteur·ice et souvent le·la chef décorateur·ice ou le·la costumier·e. Il·elle cherche et fournit la documentation utile pour construire des répliques d’époques historiquement vraisemblables ou, dans le cas du documentaire, pour aider le·la documentariste en lui dénichant des images d’archives, et en les sourçant pour des questions juridiques des droits d’auteurs.

 

Le terme « recherchiste » vient de l’anglais « researcher » qui désigne une partie très spéciale des documentalistes, ceux travaillant à la préparation d’une émission de télévision. En France, cette profession apparaît officiellement dans les années 80 après avoir été officialisée par les chaînes de télévision. A ce moment-là recherchiste est une profession majoritairement féminine qui répond aux besoins de journalistes majoritairement masculins. Les documentalistes pour la télévision se fondent peu à peu dans une catégorie plus large nommée « documentalistes audiovisuels » qui inclue les recherchistes du domaine du cinéma.

 

 

Les outils et compétences du documentaliste

 

Le·la documentaliste de cinéma a plusieurs outils à sa disposition pour exercer son métier. En France, plusieurs fonds d’archives sont disponibles sur internet, ou consultables sur place en fonction du thème de la recherche. Il y a l’incontournable Bibliothèque Nationale de France (BnF) ou plusieurs fonds d’archives contenant des objets de différentes natures sont regroupés. La Cinémathèque Française dispose aussi d’un fond d’archives fourni, accessible à la bibliothèque de la Cinémathèque Française ou à l’Iconothèque. Mais moins institutionnelle, Instagram, peut aussi représenter une base de données de recherche. L’important est d’identifier le lieu, de consulter les documents. De plus, face à la prolifération des images et leur accessibilité sur le net, croiser les informations est devenu de plus en plus important dans un esprit de rigueur scientifique. En plus des fonds et des bases de données disponibles, le·la documentaliste peut s’appuyer sur des chercheur·euses spécialistes du thème de la recherche qu’il·elle mène.

 

Une fois ce travail effectué, le·la documentaliste doit retranscrire les informations trouvées ou indexer et classer les ressources afin qu’elle puisse être retrouvée. Il·elle est amené·e en fonction des besoins de la production à rédiger des fiches de synthèses plus ou moins exhaustives. Le·la documentaliste s’adapte beaucoup, ce n’est pas un spécialiste d’un sujet particulier contrairement aux chercheur·euses qui exercent dans le domaine universitaire, mais un·e fouilleur·euse professionnel·le polyvalent·e.

 

Le·la documentaliste doit ensuite suivre le tic-tac de la production et s’en tenir à certains délais souvent serrés. La documentaliste freelance Audrey Galopin avoue n’avoir que rarement passé plus de 4 semaines sur le même sujet. Il faut donc impérativement être rapide et efficace.

Elle rapporte aussi n’avoir quasiment jamais travaillé deux fois sur le même sujet. La curiosité constitue en supplément un prérequis essentiel.

 

Comment devient-on documentaliste ?

 

Pour faire partie de ces experts de la fouille, un bac +2/3 est suffisant dans le domaine de l’information, de la communication, mais un bac +5 professionnalisant dans le domaine des archives ou de l’information par exemple peut aussi constituer un atout majeur.

 

Contrairement au documentaliste pour la télévision, le·la documentaliste pour le cinéma est soumis·e à une demande intermittente et son salaire varie en fonction du budget de la production quand il·elle est freelance. En moyenne, le salaire moyen d’un·e documentaliste audiovisuel·le est de 1600 € brut par mois.

 

 

 

© UFD, Braveheart, Mel Gibson, 1995